Les limites sont celles que l'on se met, élargissons le champ des possibles...
“N’oubliez pas que c’est quand la vague seretire de la plage, que tout apparaît”
Jeudi 19 mars 2020, par Nicolas Monier
Nous avons demandé à l’économiste Nicolas Bouzou ce que lui évoquait cette crise sanitaire en matière d’organisation de travail et de management.
Comment voyez les choses évoluer en matière de réorganisation du travail?
Le management va devoir se réinventer totalement pour accorder plus de place à l’autonomie des salariés en leur faisant définitivement confiance. Quand je vois, que certaines entreprises ont autorisé depuis deux ou trois jours seulement, leurs salariés à se mettre en télétravail, cela me rend dingue.Il est clair que les entreprises doivent complètement revoir leur management.Beaucoup moins de contrôle et, comme je le disais, plus de confiance. Par la force des choses,cette crise sanitaire aura des effets bénéfiques sur notre manière de travailler. D’autant que le retour à la normal ne se fera pas instantanément. Les salariés ne reviendront pas immédiatement à leur bureau une fois la crise derrière nous.
Est-ce que l’économie française va s’en trouver bouleversée?
Il est évident que nous nous orientons vers une grande période de récession. On assistera, selon les pays, à des baisses du PIB comprises entre-2 à-15 %. Il faut tenir! C’est la clé. Pour que tout le monde soit là au moment de la reprise. Le gouvernement va aider les entreprises via le temps partiel, via des formes de financements. Il faut préserver le capital humain en donnant la possibilité aux personnes de travailler au maximum. Je pense également qu’il y aura au moins trois changements structurels à venir. Nous devons aller vers des augmentations durables en matière de dépenses de santé. Tourner autour de 3,5 % d’augmentation contre 2, 5 %aujourd’hui. Cela me parait être une évidence. De même, nous serons obligés d’accélérer le développement de l’économie à distance. Via notamment la télé-médecine ou la télé-éducation.Enfin, la relocalisation des entreprises doit progressivement être réintroduite dans les secteurs de la santé ou de l’agroalimentaire. Tout cela se fera nécessairement par la réglementation.
Que dit cette crise sanitaire en matière de gestion des équipes?
Les gens vont rebondir, j’en suis certain. Ils aiment travailler quoiqu’on puisse dire. Cette crise va nous permettre de ressouder les équipes. Les prises d’initiatives vont émerger. Si certains salariés se découvrent soudainement une vocation nouvelle, d’autres décrochent, y compris chez les patrons d’entreprises. Mais je le répète une nouvelle fois, il faut tenir! Je salue toutes ces initiatives rapidement mises en place pour relancer coûte que coûte les entreprises. Des boucles WhatsApp se sont créées,les séances de vidéoconférence via Zoom ont explosé, etc.Trouver
du sens au travail est désormais impératif. Ce qui est malheureux, c’est que nous soyons obligés de traverser ces crises, pour nous en rendre compte. N’oubliez pas que c’est lorsque la vague se retire de la plage, que tout apparaît